HUBERTINE AUCLERT, ELLE REFUSE DE PAYER SES IMPÔTS


« Je n'ai pas de droits, donc je n'ai pas de charges, je ne vote pas, je ne paye pas ».


Très influencée par l'exemple de sa mère, qui n'hésite pas à braver les préjugés en venant en aide aux filles-mères, elle rejoint à l'âge de 25 ans Léon Richer et Maria Deraismes qui militent en faveur des droits civils des femmes et devient la secrétaire de leur journal « L'Avenir des femmes ». En 1880, elle écrit au préfet pour lui annoncer son refus de payer ses impôts et lui demander de la rayer du rôle des contribuables puisqu'elle ne bénéficie pas des mêmes droits que les hommes. Elle lui écrit notamment : « Je n'ai pas de droits, donc je n'ai pas de charges, je ne vote pas, je ne paye pas ».


Elle lance en 1881 le journal « La Citoyenne » pour appeler les femmes à cesser d'être complices de leur oppression et pour demander aux hommes de se montrer solidaires envers elles, dans l'intérêt général. Elle souhaite une république véritablement démocratique. Très remarquée, elle devient l'intermédiaire entre les féministes américaines et les féministes françaises. En 1888, elle épouse Antonin Lévrier et le suit en Algérie lorsqu'il y devient juge de paix. Là-bas, elle se fait l’avocate des femmes arabes auprès des autorités françaises. De retour en France, elle écrit dans plusieurs journaux pour dénoncer l'interdiction de l'avortement mais aussi faire valoir l'urgence de féminiser la langue.


En 1901, elle fait fabriquer un timbre féministe – représentant un homme et une femme déposant leur bulletin de vote dans une urne – qui connaît un vif succès international et est bientôt suivi d’une carte postale identique. Le 29 octobre 1904, jour de la commémoration du Code Napoléon, elle tente de brûler quelques exemplaires du Code place Vendôme, avant de se diriger vers la Chambre des députés et la place de la Sorbonne. Le 3 mai 1908, elle renverse une urne à la mairie du 4e arrondissement, pour protester contre l’exclusion des femmes du suffrage. Le 24 avril 1910, elle se présente aux élections législatives et, bien que non éligible, obtient 590 voix dans un bureau de 14 000 votants.


Elle est celle qui a su le mieux mettre en place en France une propagande féministe. Après sa mort, sa sœur Marie Chaumont publie en 1923 son dernier livre, Les Femmes au gouvernail.


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